Le mal… du logement ?
Les événements sanitaires publics successifs - depuis le sang contaminé, la crise de la vache folle, la grippe aviaire, la grippe « tout court » puis Ebolavirus - ont renforcé l’idée qu’il fallait se protéger de tout : partout et chez nous, SURTOUT chez nous.
Depuis plus d’un siècle, l’utilisation de l’eau de javel a été largement encouragée pour de justes raisons sanitaires collectives, néanmoins, la consommation de détergents surpuissants est devenue extraordinairement démesurée dans la sphère individuelle.
Désormais, il faut « assainir », « rendre sain », « aseptiser » « stériliser », « désinfecter » à tout prix …surtout au prix de notre santé !
Rappelons qu’en France, l’eau de javel, conçue à la fin du XVIIIème, est aujourd’hui vendue à 245 millions de litres chaque année : nous sommes le 2nd pays le plus consommateur d’Europe. 7 foyers sur 10 en utiliseraient.
POURQUOI désinfecter à tout prix ?
Eliminer tous ces microbes invisibles et donc dangereux, qui nous entourent ? Que nenni, tous ne le sont pas ! Les micro-organismes, dits « microbes », répartis selon plusieurs familles (levures ou champignons, bactéries, virus) ne sont en réalité pas tous pathogènes. Certains peuvent s’avérer même très utiles (dans le fromage, par exemple !).
Chaque centimètre carré de notre habitation est recouverte de centaines de milliers de bactéries*. Nous sommes nous-mêmes, hommes, femmes, enfants, une véritable source microbienne, évoluant au fil du temps au contact d’autres individus. Présentons-nous tous pour autant un « geyser pathogène » ? Bien sûr que non.
Sous couvert que nos intérieurs sont 5 à 10 fois plus pollués que l’extérieur, nous nous évertuons à les « rendre pur » : avec des produits de nettoyage agressifs, irritants, corrosifs (Mieux vaut aérer, n’est-ce pas ?!)
Ce nettoyage excessif dans les logements, avec l'utilisation de ces produits bactéricides n’est pas la –bonne- solution, malgré des arguments publicitaires anxiogènes ! Après le green washing et le health washing, bienvenue dans l’ère du « safety washing » ou la psychose du plus blanc que blanc.
Certaines entreprises surfent outrageusement sur la peur de la maladie, à grand renfort de communication télévisuelle, en faisant croire au consommateur que la désinfection éviterait la transmission et serait indispensable pour rester en bonne santé. Stop à cette névrose dévastatrice !
La désinfection, c’est comme les antibiotiques : ce n’est pas automatique !
De nombreux experts s’accordent à dire que la théorie hygiéniste** a des justifications. Certes, il y a un lien entre l’exposition aux microbes durant la petite enfance et l’épidémie d’allergies. Mais il semblerait que c’est en étant au contact des microbes –pathogène ou non- que le système immunitaire des jeunes enfants pourrait mieux se développer. Il faudrait plus de bactéries dans nos habitats, afin de mieux neutraliser les agents réellement pathogènes et non l’inverse.
Plus on désinfecte, moins on s’immunise : selon une récente étude du centre pour l'environnement et la santé***, l’eau de javel, en plus d’éliminer tous les microbes, favoriserait les risques d’infections ORL et respiratoires.
Elle a démontré que l'exposition fréquente à l'eau de Javel a été associée chez des enfants européens de 6 à 12 ans à une augmentation de 20% du risque de contracter la grippe et de 35% pour l'amygdalite (ou angine tonsillaire).
Solution miracle ?
Aussi, nombreux citent l’utilisation de méthodes dites traditionnelles ou de grand-mère (utilisation de vinaigre blanc par exemple), comme un remède idéal pour assainir sans nuire à la santé. Quelle erreur ! Le vinaigre blanc se compose d’acide acétique, composant corrosif et dont les vapeurs sont irritantes pour les voies respiratoires et les yeux.
Nettoyer, c’est rendre propre, c’est enlever la matière organique (propreté physique). Désinfecter, c’est détruire les micro-organismes pathogènes (propreté microbiologique). Mieux vaut nettoyer régulièrement l’intérieur de nos maisons afin que les microbes ne se « fixent » pas sur de la matière organique.
Pour protéger nos enfants et notre santé dans les foyers, optons pour la propreté, sans excès s’il vous plait !
Sources
- *Home Microbiome Project Argonne National Laboratory (Université de Chcago, Jack gimlbert) – Science et vie 02/2015. Futura Santé (futura Sciences – Janlou Chaput – 06/10/2012
- ** La théorie hygiéniste se base sur l’augmentation du niveau d’hygiène des populations, qui, se traduit par une diminution des contacts avec des substances microbiennes au cours de l’enfance, associée à un niveau de protection accru contre les infections.
- *** Résultats de l’étude Belge publiés dans Occupational & Environnemental Medicine
- Atelier Pasteur Lille
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